Violences sexistes et sexuelles : ces ados ont débattu avec deux sociologues

Article – 20 mars 2025
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Pour les premières Assises nationales contre les violences sexistes et sexuelles, une association d’éducation populaire nantaise a permis à une vingtaine d’adolescents de débattre avec deux sociologues. Ces échanges ont été enregistrés sous forme d’un podcast.

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« Ensemble, nous avons abordé de l’influence de la société et des médias, les cultures et les religions, l’anatomie humaine, la santé, l’histoire et les droits des femmes en France », explique Marièke Doucet, animatrice socioculturelle. Image © Les Francas de Loire-Atlantique

C’était l’action phare présentée par l’Accoord lors des Assises nationales contre les violences sexistes, les 25 et 26 novembre 2022, à Nantes : les sociologues Elvire Bornand et Frédérique Letourneux ont débattu avec une vingtaine d’adolescents sur la thématique du sexisme. Ces échanges ont été enregistrés sous la forme d’un podcast

« Pendant ce cycle, le groupe est parti pour deux jours de bivouac », raconte Marièke Doucet, animatrice ados au sein de l’association nantaise. « Lors de ce séjour, des espaces de bien-être, d’écoute et de questionnement ont permis de discuter de plusieurs sujets dans un cadre libre et bienveillant. Ensemble, nous avons abordé de l’influence de la société et des médias, les cultures et les religions, l’anatomie humaine, la santé, l’histoire et les droits des femmes en France », poursuit l’animatrice socioculturelle.

Des actions de sensibilisation toute l‘année

Cette action s’inscrit dans une démarche plus globale du secteur ados qui incite les animateurs à aborder la lutte contre les violences sexistes et sexuelles tout au long de l’année. « Ils peuvent s’appuyer sur des jeux comme le « No taboo », autour du genre, l’orientation sexuelle, l’anatomie, la sexualité ou encore le « Who is she ? », pour découvrir des femmes importantes de l’Histoire. Nous animons aussi des débats pour la journée internationale des droits des femmes. Un atelier radio avec une des premières femmes pompiers de Paris comme invitée a été organisé ainsi qu’un Escape Game sur la fracture numérique entre les filles et les garçons, une exposition réalisée par les jeunes filles du club ado de la Loco. Nous travaillons aussi sur la communication auprès du public, avec des outils comme le violentomètre, le mur de la bienveillance, ou encore des affiches dans les toilettes pour l’application App-Elles… »

Libérer la parole

Ces actions de terrain ont permis à l’équipe de gagner progressivement la confiance des adolescents et de leurs proches. « La parole se libère et parfois cela fait émerger des réalités lourdes », constate Marièke qui a elle-même été confrontée à « des cas de prostitution de mineurs » pour lesquels elle a sû solliciter l’aide nécessaire auprès d’une autre association locale.

« Nous devons sans cesse nous informer, rechercher les bons partenaires et moyens de communication », estime l’animatrice qui souhaite aller encore plus loin. « Toutes ces actions ne sont qu’un début. Il nous reste encore des leviers à utiliser quant à l’éducation des adolescents, par exemple, et une vigilance à maintenir sur le vocabulaire. La déconstruction d’un langage permet d’accéder plus facilement à une déconstruction des préjugés, et donc des discriminations. L’exercice de la lutte contre les discriminations évolue au rythme de notre société, c’est à nous, acteurs auprès de nos publics, de rester ouverts et informés. Les échanges sur nos pratiques, les temps de parole et les formations sont vecteurs de ce progrès social. »