Sommaire

Manon Pignot, historienne : « Plus de la moitié des réfugiés ukrainiens sont des enfants »

Interview – 11 septembre 2022
Temps de lecture :

Deprecated: strpos(): Passing null to parameter #1 ($haystack) of type string is deprecated in /home/jordan/httpdocs/www/popeduc/wp-content/themes/basic/includes/basic-utils.php on line 14

Deprecated: strpos(): Passing null to parameter #1 ($haystack) of type string is deprecated in /home/jordan/httpdocs/www/popeduc/wp-content/themes/basic/includes/basic-utils.php on line 14

Deprecated: strpos(): Passing null to parameter #1 ($haystack) of type string is deprecated in /home/jordan/httpdocs/www/popeduc/wp-content/themes/basic/includes/basic-utils.php on line 14
4 min.

Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Picardie Jules-Verne, Manon Pignot est spécialiste des expériences de guerre enfantines. Interrogée par Pop’éduc, elle analyse les conséquences du conflit sur les enfants et les adolescents, en Ukraine comme en France.

Pop’éduc
refugies enfants ukraine
Les adultes ont la responsabilité de protéger les enfants de la guerre, estime Manon Pignot, historienne. Image © freepik.com

Comment les enfants et adolescents ukrainiens vivent-ils la guerre ?

Les enfants ne sortent jamais indemnes de la violence de la guerre. Ce que vivent les enfants ukrainiens fait écho à ce que les enfants français ont vécu durant la Seconde Guerre mondiale. Des familles sont séparées, des enfants se retrouvent sur les routes avec leurs mères pour trouver un peu de sécurité, dans d’autres régions ou pays d’Europe. Ils vivent l’expérience des bombardements, avec la menace permanente de mourir sous les décombres, de manquer d’eau ou de nourriture. Certains adolescents creusent des tranchées, d’autres fabriquent des cocktails molotov. Les enfants sont aussi parmi les victimes des violences de guerre dans les territoires envahis. Des enquêtes sont en cours mais on sait qu’il y a énormément de violences sexuelles, contre les femmes mais aussi contre les enfants. Violer un enfant, c’est porter atteinte à une communauté toute entière, casser quelque chose dans le corps de la nation à travers le corps des enfants qui représentent l’avenir.

Les adultes sont-ils suffisamment formés pour accueillir les enfants réfugiés ?

Plus de la moitié des 5,3 millions de réfugiés ukrainiens hors de leurs frontières sont des enfants, selon les chiffres du Haut commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Pour les accueillir, tout le monde est plein de bonne volonté, mais on ne sait pas toujours comment s’y prendre. Et une expérience de l’exil aussi brutale a forcément des conséquences individuelles, intimes et collectives. Lorsqu’il y a un relais familial ou amical, l’intégration est plus rapide et plus douce. En France, il y a un problème linguistique important. L’Éducation nationale a mis en place des cellules pour accompagner les enseignants mais on sent qu’ils sont souvent très démunis.

Quelles répercussions cette guerre a-t-elle sur les enfants français ?

La guerre est profondément anxiogène. Elle contribue à maintenir un état d’inquiétude générale vis-à-vis du monde extérieur. Parfois, on ne le mesure pas assez car on pense être loin. Ne pas allumer la télévision quand il y a des enfants dans la pièce, éteindre la radio ou ne pas laisser les enfants utiliser internet seuls, ces gestes peuvent paraître anodins, mais il faut y être très attentifs. On peut très bien aborder ces sujets et permettre d’en comprendre la gravité sans entrer dans les détails. On oublie souvent que les enfants conceptualisent les choses différemment des adultes. Ils compensent ce qu’ils ne connaissent pas par leurs propres représentations avec, par exemple, des images tirées du moyen-âge, des canons, des châteaux forts… Si on les expose à des images trop explicites, ils ne vont pas pouvoir le faire. La responsabilité des adultes, c’est de les protéger contre ces images-là.