Éduquer à l’interculturel, un défi pour les éducatrices et les éducateurs

Article – 9 mai 2025
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Les enfants et les adolescents vivent dans une société qui se caractérise par la pluralité culturelle, les migrations, et par conséquent par une diversité accrue. Face au repli sur soi et aux tensions, en France et dans le monde, Pop’éduc propose aux éducateurs et aux éducatrices quelques repères pour une éducation à l’interculturel.

Pop’éduc
Atelier d’expression avec un groupe d’adolescents franco-allemands à Berlin, au printemps 2022. Image © Centre social et culturel Nelson-Mandela, La Seyne-sur-Mer.

Dans la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide), les droits culturels sont liés au droit d’avoir une identité et à l’interdiction de discrimination : « L’éducation de l’enfant doit viser […] le respect de […] son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles,ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne » (Cide, 1989, article 29). L’interculturel est un concept dynamique qui se réfère aux relations évolutives entre groupes culturels. L’Unesco (organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) le définit comme « l’existence et l’interaction équitable de diverses cultures, ainsi que la possibilité de générer des expressions culturelles partagées par le dialogue et le respect mutuel ».

Dans la publication Principes directeurs de l’UNESCO pour l’éducation interculturelle, l’institution internationale précise : « L’éducation à l’interculturel vise à aller au-delà d’une coexistence passive, à parvenir à des modalités progressives et durables de coexistence dans des sociétés multiculturelles grâce à l’instauration d’une compréhension, d’un respect et d’un dialogue entre les différents groupes culturels », quels que soient les rapports de force entre groupes, entre cultures majoritaires et minoritaires. Les relations interculturelles se vivent à la fois localement et ailleurs, dans la rencontre avec d’autres groupes d’enfants ou d’adolescents au niveau régional, national, entre villes et espaces ruraux, en Europe et à travers le monde. 

Apprendre en situation interculturelle

L’éducation à l’interculturel nécessite de se connaître et de connaître ses origines pour pouvoir comprendre les autres : « Qu’est-ce que je souhaite découvrir, faire découvrir de moi, de mon identité, de ma ou mes cultures, qu’est-ce qui me paraît important ? » Ainsi se développe la confiance en soi, prérequis pour s’ouvrir à la rencontre vers une culture et des situations inconnues. Le regard sur l’autre est parfois chargé d’appréhensions, d’idées reçues qui proviennent de récits et d’expériences vécues. L’apprentissage interculturel passe par la déconstruction des préjugés et stéréotypes, l’activation et le développement de compétences sociales liées aux situations interculturelles, comme :

  • savoir écouter, faire preuve d’empathie et de diplomatie,
  • exprimer un point de vue clair, expliciter sa pensée,
  • prendre du recul sur ses propres cultures personnelles, prendre conscience que chacun.e interprète les situations et trouve des solutions au regard de ses valeurs culturelles propres,
  • oser prendre des risques par rapport à ce que l’on connaît, être créatif en associant des savoirs et des savoir-faire découverts au contact d’autres cultures.

Le processus d’apprentissage interculturel peut devenir un mode de vie et un moyen d’enrichir sa propre identité, d’accepter d’être transformé par le dialogue. Il amène à apprendre à vivre ensemble dans un monde de différences. L’apprentissage interculturel vu sous cet angle est le point de départ d’une éducation à la culture de paix

Découvrir les cultures sans stéréotypes

Mettre en œuvre une démarche interculturelle dans les temps de loisirs passe d’abord par les projets éducatifs des structures, qui visent à accueillir tous les enfants sur leur territoire. Il convient de tenir compte des besoins éducatifs spécifiques de tous les enfants, notamment ceux qui évoluent dans une culture dite minoritaire, marginalisée ou vulnérable.

En pratique, des démarches d’éducation à l’interculturel peuvent être inscrites dans les projets pédagogiques. Le folklore est par exemple un levier inépuisable de chants, de poésie, de danses, de contes, de déguisements… Les acteurs et actrices éducatifs veillent à ne pas figer les cultures dans des stéréotypes, mais à mettre en avant les dynamiques interculturelles en jeu, à prendre le temps d’en discuter avec les enfants, le temps de revenir sur l’histoire de la construction d’un cliché, d’interroger sa pertinence aujourd’hui. 

Le choix d’activités qui valorisent les langues parlées par les enfants, par les familles, par les personnels de l’espace éducatif contribue à partager les richesses de la diversité culturelle. Ces activités permettent aux individus de prendre conscience qu’ils sont experts de leur langue maternelle et peuvent la transmettre aux autres.

Échanges et partenariats, ici ou ailleurs

Les échanges internationaux d’enfants et d’adolescents permettent la découverte mutuelle directe en situation de mobilité, par la pédagogie du projet, par la mobilisation sensorielle et par le jeu. 

Les animateurs et animatrices peuvent développer des alliances territoriales, par exemple avec un comité de jumelage, une association d’étudiants originaires d’autres pays, des enseignants de langue, une ludothèque ou médiathèque, une association culturelle ou de solidarité, des familles qui ont une histoire migratoire récente. Il est aussi possible, par exemple, de mobiliser les habitants du territoire sur un travail participatif de confection d’un « guide touristique » du quartier ou de la commune. La recherche de partenaires à l’étranger pour une correspondance, un échange en ligne, dans un ou plusieurs autres pays peut passer par l’accompagnement des Francas, qui ont cultivé un réseau de partenaires internationaux depuis plus de cinquante ans. 

Enfin, la formation des animateurs et des animatrices à l’éducation à l’interculturel est un formidable levier pour l’acquisition des savoir-être nécessaires à l’accompagnement des enfants et des adolescents dans leurs découvertes interculturelles : identifier les besoins, adapter les méthodes, déconstruire les peurs, repérer les baisses de motivation qui font partie intégrante du processus et leur en faire prendre conscience, laisser des temps pour soi et pour se retrouver. La posture des animateurs et animatrices accompagne ainsi chaque enfant à développer des ressources qui facilitent sa vie sociale, son rapport aux autres, et son épanouissement dans des environnements diversifiés.

Jouer l’Europe !

La Fédération nationale des Francas a capitalisé et développé des ressources pour mettre en place des activités interculturelles dans le cadre du label « Jouer l’Europe », quel que soit le format du temps éducatif : sur une séance, une journée, un cycle, une année, un partenariat de long terme. Les méthodes pour animer des échanges européens y sont également évoquées.