« C’est fou comment, en une semaine, on peut se faire plein d’amis » : récit d’un échange franco-allemand réussi

Article – 7 mai 2025
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Depuis plus de quinze ans, la commune de La Seyne-sur-Mer, dans le Var, entretient d’étroites relations avec Reinickendorf, un arrondissement de Berlin, en Allemagne. Un partenariat noué sous l’impulsion de deux structures : l’espace jeunes du Centre social et culturel Nelson Mandela et l’école d’art berlinoise Atrium. Du 23 au 29 mai 2022, des adolescents français se sont rendus à Berlin pour rencontrer leurs camarades allemands. Puis ont accueilli à leur tour les Allemands au mois de juillet. En 2025, le projet s’étoffe avec un nouveau partenariat dans une autre ville allemande.

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Le groupe de jeunes en Allemagne avec leurs accompagnateurs, devant un vestige du mur de Berlin. Image © Christine Martinez

Dalia, Evan, Martino, Rita et Tom sont, tous les cinq, collégiens à La Seyne-sur-Mer, ou alentour. En ce mois de mai, ils ont pris l’avion direction Berlin, accompagnés de Christine, leur professeure d’allemand, et d’Anne-Laurence, la directrice-adjointe du centre social. Pour la plupart d’entre eux, c’était la première fois qu’ils voyageaient aussi loin. À Reinickendorf, arrondissement populaire de la capitale allemande, ils ont rencontré Charlotte, Fiona, Lara, Luna, Loreen, Niva et Oskar. Les douze adolescents ont vécu et agi ensemble pendant une semaine.

« Pour les séjours interculturels, on choisit toujours un thème qui permet de se questionner et que l’on peut décliner par des actions artistiques », explique Anne-Laurence. « Cette année, on a travaillé autour des façades, des murs, des frontières. Puis le thème a évolué vers la ville verte, la ville de rêve. Ils ont participé ensemble à des ateliers d’arts plastiques, de théâtre, d’expression corporelle. Les Seynois ont parlé de leur ville, en évoquant les problèmes mais aussi leur lien affectif au quartier et leurs idées, leurs solutions. Les Allemands leur ont fait découvrir leur ville, leur école, le célèbre mur de Berlin… »

Des jeux pour « se mettre en langues »

Tous les matins, le groupe a pratiqué des jeux linguistiques avec les outils de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). Trois quarts d’heure pour se mettre en jambes, ou plutôt en langues : « J’ai trouvé ça bien qu’on communique avec d’autres jeunes qui n’ont pas la même langue », témoigne Dalia, 14 ans, qui a su « faire des signes, parler anglais, ou utiliser Google traduction » pour échanger avec ses pairs même s’« ils parlaient vite ». Sans doute plus que Christine, leur enseignante. « Ce qui me plaît dans ces projets, dit-elle, c’est de faire parler l’allemand. C’est une occasion d’enseigner d’une autre manière, avec plus de possibilités ludiques pour apprendre et, surtout, ça répond à un vrai besoin de contexte linguistique. Ils sont sur place, il n’y a pas besoin d’inventer un scénario. »

Pour permettre au groupe de vivre cette expérience durant une semaine entière, le chef d’établissement du collège Henri-Wallon a autorisé les élèves et leur professeure à s’absenter pendant deux jours et demi. « La richesse de ces échanges, c’est que tout le monde s’y met », se réjouit Anne-Laurence. « Quand il y a une difficulté, il y a toujours quelqu’un qui va rebondir, que ce soient les profs, les animateurs, les élus de la ville, le comité de jumelage… C’est parce qu’on est tous ensemble que ça marche. »

Pour la venue des Allemands au mois de juillet, le comité de jumelage a souhaité mettre la main à la pâte : « Nous apportons une petite aide financière et des bénévoles vont venir aider à préparer les repas », explique Marylène Bariant, la présidente du comité.

Les animateurs et animatrices, médiateurs de l’échange

« Peu importe qui est à l’initiative de relations et échanges internationaux », ajoute Marc Vuillemot, maire de la commune pendant douze ans et militant aux Francas du Var. « Ce peut être une municipalité, un établissement scolaire qui cherche un moyen d’appuyer son enseignement de langue et de civilisation, une société culturelle ou un club sportif qui ont découvert des pratiques similaires aux leurs dans une collectivité étrangère, une entreprise qui projette un développement dans une commune d’un autre pays, ou un groupe de citoyens dont les ancêtres ont émigré et souhaitent renouer des liens avec leurs descendants. L’animateur se doit d’être à l’affût de ces initiatives, d’où qu’elles émergent. Il a un rôle de médiateur. Évidemment, la reconnaissance de ce rôle par la municipalité, assurant quelques moyens dédiés à cette fonction de médiation, est un facteur déterminant pour que la mayonnaise prenne et qu’un jumelage ne se limite pas, comme c’est trop souvent le cas, à une relation institutionnelle entre notables. »

Pour les ados, en tout cas, l’expérience est réussie : « C’est fou comment, en une semaine, on peut se faire plein d’amis », confie Dalia. « J’ai hâte que les Allemands viennent à La Seyne, qu’on aille à la plage se baigner. Eux, ils n’ont pas la mer. »

Un nouvel échange est prévu en 2025 sur le thème de la démocratie en Europe. Et pour aller encore plus loin, les acteurs seynois ont trouvé un nouveau partenaire : une école d’art à Dresde, la capitale de la Saxe. Avec l’idée de travailler à un projet artistique commun autour des clichés que certains adultes véhiculent à propos des jeunes. Affaire à suivre.