Prévenir les violences sexistes : cette professionnelle dévoile sa méthode pour former les animateurs
« En matière de prévention du sexisme et des violences sexuelles, l’ennemi, c’est l’inaction et le manque de formation », estime Laurence Bénézet, formatrice au Brevet populaire de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) en Nouvelle-Aquitaine.

Prévenir les violences sexistes et sexuelles, est-ce le rôle des animateurs et animatrices ?
Éduquer à la culture de l’égalité et du respect entre les filles et les garçons, la lutte contre les stéréotypes de genre, les discriminations et le rejet de toute forme de violence doit être au cœur des projets d’animation car il est de notre responsabilité collective d’agir pour une société plus inclusive et protectrice de chacun et chacune. Il est indispensable, en tant qu’acteur et actrice de l’éducation, d’aborder l’ensemble de ces sujets en formation professionnelle. Dans ma formation à Bordeaux, je propose un module d’une semaine comprenant une focale sur les VSS (violences à caractère sexiste et sexuel – ndlr).
Existe-t-il des outils pour construire son module de formation ?
Oui, je m’appuie par exemple sur un outil de formation des encadrants du champ du sport et de l’animation conçu par la Drajes (Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sport – ndlr) de Nouvelle-Aquitaine en 2020 et accompagné d’un temps de formation à son appropriation et à son utilisation. Organisé sous forme d’infographies, ce guide donne des clés pour sensibiliser et former. Il aborde un sujet grave avec des méthodes ludiques : des échanges et des débats, des vidéos, des quiz interactifs et des mises en situation, à travers trois étapes indissociables : connaître, comprendre, agir.
Comment se déroule une séquence ?
Une première étape, proposée sous forme de fiches activités, a pour objectif d’identifier les formes de VSS, leurs auteurs et leurs victimes, de définir les six types de VSS reconnues par la loi et les sanctions pénales, et d’appréhender les éléments chiffrés des faits observés et connus.
Une deuxième partie doit amener les stagiaires à identifier les faisceaux, lieux et situations à risque ; à se rendre compte de leurs représentations (sexisme, posture de l’adulte) et les faire évoluer ; à comprendre le silence des victimes et à décrire les démarches de signalement. Des outils tels que les courts métrages issus du Festival Festi’Prev de La Rochelle sont proposés dans le guide.
Une troisième étape propose des études de cas pratiques et des mises en situation pour repérer et agir. Cela permet aux apprenants de se questionner sur les différents lieux et situations à risque dans leur environnement professionnel, de prendre en compte les signaux, d’adopter une posture adéquate et de signaler les faits.
Un conseil pour les formateurs et formatrices ?
Si je devais donner un conseil, ce serait d’être sensibilisé à ces questions avant de traiter le sujet dans les formations. De nombreux ouvrages, outils et ressources existent. Ou, le cas échéant, se rapprocher d’associations dont la lutte contre les VSS est le principal objet, comme le Planning familial ou Colosse aux pieds d’argile, afin que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles traverse l’ensemble de nos pratiques éducatives.
Comment aborder ce sujet en formation ?
L’enjeu d’un module consacré aux violences sexistes et sexuelles est de faire prendre conscience aux professionnels de l’animation de l’ampleur du phénomène, de leur donner des clés d’identification des violences sexuelles et de permettre l’acquisition de réflexes et gestes professionnels à mettre en œuvre en situation professionnelle pour repérer, protéger et orienter les victimes. Le fait d’aborder les VSS peut faire surgir des émotions chez les stagiaires ; en préalable, il convient donc que le formateur ou la formatrice instaure un cadre suffisamment sécurisant pour l’ensemble des participants.