Malgré des progrès ces dernières années, l’accès au départ en vacances et aux loisirs collectifs reste très inégalitaire. Comment l’expliquez-vous ?
Cette inégalité n’est pas connue et passe inaperçue. Pourtant, plus de quatre millions d’enfants ne sont pas partis en vacances en 2019. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas quitté leur domicile plus de quatre jours. Le non-accès au départ en vacances est marqué par de très fortes disparités selon les catégories de population, les revenus, la composition familiale (nombreuses, séparées ou mono-parentales), le genre ou les lieux de résidence (urbain, rural). Plusieurs facteurs interviennent, notamment culturels et financiers. Quitter son domicile s’apprend qu’il s’agisse de se rendre dans sa famille ou de découvrir un nouvel environnement. Mais au-delà de savoir voyager et de s’y sentir autorisé, l’aspect financier est important. Le manque de moyens est le premier argument qui ressort des enquêtes auprès des parents.
Plus de quatre millions d’enfants partaient en colonies de vacances dans les années soixante ; ils ne sont plus que huit cent cinquante mille à être partis en séjour collectif en 2019. Est-ce la fin des « colos » ?
Le départ en séjour, les loisirs collectifs contribuent à répondre aux enjeux de notre société, particulièrement celui de faire ensemble. Si nous avons tous en mémoire l’image noir et blanc du grand dortoir, de la bataille de polochon, la colo d’aujourd’hui a changé et est particulièrement d’actualité. Lorsqu’on a la chance d’y aller, on souhaite y retourner ! Le décrochage des colos s’explique notamment par la baisse des aides pour le départ en colonies de vacances, dans les années 2000. Plusieurs facteurs impactent également le départ en colo : le changement dans la formation des enseignants, les vacances partagées entre les parents lorsqu’ils sont séparés, la méconnaissance des colos…