Pour une commune, qui plus est fortement urbanisée et rencontrant des problématiques économiques et sociales fortes comme c’est le cas en banlieue parisienne, mener une politique de la petite enfance présente un fort enjeu d’équité et de mixité sociale. Car on le sait, tout ce qui se passe dans les premiers temps de la vie a un impact fort sur le développement et le devenir des individus.
Les familles les plus vulnérables ont d’autant plus besoin de la puissance publique à ces moments de la vie pour réduire les inégalités et en protéger leurs enfants. La stratégie de lutte contre la pauvreté mise en place il y a quelques années ne s’y est pas trompée, en axant ses sept premières propositions sur des mesures ayant trait à la petite enfance. Car les inégalités ne semblent pas encore enkystées durant la petite enfance, les rééquilibrages et les compensations sont encore possibles, même dans un environnement vulnérable. Cet enjeu de prévention rassemble les élus mais également les professionnels de la petite enfance.
Petite enfance : jusqu’à quel âge ?
Paradoxalement, la petite enfance n’est à ce jour une compétence obligatoire pour aucune institution. L’État a émis des recommandations pour favoriser la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, défini une politique de soutien à la parentalité, des critères pour des crèches de qualité, cherché à lutter contre la pauvreté, mais sans vraiment partir de la question de la petite enfance en tant que telle. Par ailleurs, si toutes les communes s’attachent à mettre en œuvre une politique en direction de la petite enfance, le sens politique sous-jacent varie grandement d’une ville à l’autre, selon que la question est associée au secteur social et la solidarité, à la santé, l’éducation, ou encore la réussite éducative.
Une question d’apparence simple doit également être soulignée. Jusqu’à quand dure la petite enfance ? En principe, le terme de petite enfance implique d’aller de la naissance à 6 ans. Pourtant, en termes de politique publique, on s’intéresse d’abord aux 0-3 ans. Il y a donc un véritable enjeu à faire des ponts jusqu’aux 6 ans des enfants et à amoindrir cette division institutionnelle qui vient saucissonner les âges de l’enfant selon qu’il est ou non concerné par l’institution scolaire. Tisser des liens entre les professionnels, pouvoir travailler en partenariat, doit permettre de mieux penser l’enfant dans sa globalité. Ce qui se fait plus facilement pour les enfants de 0 à 3 ans doit pouvoir se prolonger au-delà de l’entrée à l’école maternelle.
Martine Maurice