Marseille : des débats philo pour parler de la guerre avec les enfants
Comment aborder un thème aussi lourd que la guerre avec les enfants ? Comment apporter des réponses tout en leur laissant la place d’exprimer leurs peurs et leurs interrogations ? Avec les ateliers « Graines de philo », l’association Les Francas propose aux enfants de débattre pour mieux comprendre. Avec des outils et techniques d’animation adaptés à leur âge.

« Le prof d’histoire nous a dit que la guerre n’atteindrait pas la France, c’est vrai ? ». Ce genre de question, Lucie en a reçu des dizaines de fois au cours de l’année depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette animatrice mène des actions d’éducation aux médias dans les collèges de Marseille et, forcément, l’actualité s’invite toujours dans la discussion. Pour aller plus loin , son association, Les Francas des Bouches-du-Rhône, organise des ateliers de discussion à visée philosophique avec les enfants, lors des temps de loisirs. L’occasion pour eux de confronter les informations et les points de vue, dans un cadre ludique et bienveillant, pour mieux comprendre le monde qui les entoure.
Au centre de loisirs du quartier de Menpenti, tout commence par la lecture d’une bande dessinée : Lulu. J’ai peur de la guerre. Puis la question est lancée : « Pourquoi fait-on la guerre ? ». Les petits marseillais, âgés de 8 à 10 ans, s’accordent pour dire que la guerre vient des désaccords entre les pays et de la volonté de conquête et de puissance de certains. Le jeune Djasser est néanmoins surpris : « La Russie est déjà le plus grand pays du monde. Pourquoi en vouloir plus ? ». Les enfants foisonnent d’exemples entendus çà et là – pas toujours avérés – et le bâton de parole est bienvenu pour réguler le flot de réactions.
« J’ai l’impression que les guerres, il y en a toujours, ça ne s’arrête jamais »
Au milieu de cette effervescence, Djibril demande la parole pour soupirer : « J’ai l’impression que les guerres il y en a toujours, ça ne s’arrête jamais ». La transition est toute trouvée : « Est-ce qu’un monde sans guerre est possible ? ». C’est un oui pour certains, à condition que tous les États se mettent d’accord et partagent leurs territoires de manière égale ou encore que chacun s’occupe de ses affaires et « ne se calcule pas ». Pour d’autres, cela semble plus compliqué. L’un d’eux voit même le fait de mettre les civils, particulièrement les enfants, à l’abri comme un investissement sur les générations futures qui devront « aider à reconstruire » ou bien « défendre leur pays pendant la prochaine guerre ».
Des perspectives en demi-teintes pour ces jeunes qui, même s’ils ne sont pas convaincus que cette « utopie » soit possible, partagent tout de même un idéal pacifique commun, qu’il s’agisse d’« un monde où tous les pays parlent la même langue » ou d’un « monde sans armes ».