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Pierre Boivin, spécialiste de la biodiversité : « Les sciences participatives permettent aux citoyens de contribuer à l’avancée de la science »

Interview – 11 avril 2025
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Parmi les leviers pour sensibiliser et éduquer à l’environnement, les sciences participatives jouent un rôle majeur. Inscrite dans la durée, cette pratique permet d’ancrer l’observation de la biodiversité par les citoyen·nes et de partager leurs analyses auprès des scientifiques. Explications par Pierre Boivin, chargé de mission biodiversité à l’Union nationale des CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement).

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© Erkki Alvenmod, Shutterstock

Comment définir les sciences participatives ?

Sur la base du volontariat et dans le cadre de programmes de recherche scientifique (biodiversité, astronomie, archéologie, géologie…), les citoyen·nes observent la nature, notent et transmettent leur analyse à la communauté scientifique grâce à des protocoles simples mais rigoureux, adaptés à chacun·e selon son âge et son niveau d’expertise.

Il y a deux grands piliers des sciences participatives : la sensibilisation, l’éducation à l’environnement et la production de connaissances qui bénéficient à la fois à la recherche scientifique mais permettent aussi de guider les actions qui sont mises en œuvre dans les territoires pour la biodiversité. À travers l’implication citoyenne et la pédagogie par l’action, les scientifiques peuvent mieux connaître la biodiversité afin de mieux la protéger.

Enfin, tout cet investissement citoyen, le fait de pouvoir observer par soi-même, de prendre conscience de toutes ces espèces qui nous entourent au sein de notre territoire, tout cela crée un levier fort pour s’impliquer ensuite en faveur de la biodiversité.

Quelle plus-value par rapport à une étude scientifique classique ?

Tout d’abord, les données remontées grâce aux sciences participatives sont essentielles car elles permettent de couvrir des territoires très larges, de les mailler dans toute la France, dont des terrains privés auxquels les scientifiques n’auraient pas accès sans l’aide des citoyen·nes participant·es.

Ensuite, il y a un nombre d’observations beaucoup plus important par rapport à ce que pourraient mobiliser les scientifiques sur une étude : on parle là de plusieurs années d’analyses régulières et de remontées d’informations, et non pas uniquement la durée d’une étude classique. Cela permet d’avoir des données dans le temps qui sont précieuses pour l’évolution de la biodiversité.

Existe-t-il des conditions de réussite d’un programme ?

Un point crucial reste le rôle des animateurs du programme scientifique : à eux de bien faire comprendre aux participants que c’est grâce à leurs observations, leur investissement que la recherche a pu parvenir à tel résultat. Ils doivent faire prendre conscience aux citoyen·nes que c’est bien par leur action, même minime, qu’ils et elles ont pu contribuer et avoir un impact sur l’avancée de la science. Cela permet de rétablir le lien entre la société et le monde de la recherche qui est souvent à l’écart et parait lointain, voire parfois peut susciter le désintérêt ou la méfiance.

Quant aux enfants, il ne suffit pas de leur dire que cette pratique existe et de compter sur eux pour observer dans leur coin. Il faut animer ce temps avec des outils adaptés, faire avec eux, susciter l’envie d’en parler à leurs parents à la maison afin d’essaimer cette sensibilisation.

C’est tout le but des sciences participatives qui sont mises en œuvre par exemple dans un cadre scolaire, soit par les enseignants, soit via des interventions extérieures. Des programmes faciles d’accès peuvent être utilisés par des enseignants comme Vigie-Nature Ecole, avec un protocole d’observation et des outils simples à mettre en œuvre pour les enseignants et envers les enfants.

D’autres programmes en autonomie ou animés existent comme ceux de la LPO, Tela Botanica, Noé, ou encore le Muséum national d’Histoire naturelle, des partenaires avec qui nous travaillons au sein du réseau des CPIE.

L’intérêt pédagogique de cette pratique pour les enfants et les jeunes ?

Les sciences participatives, du fait qu’il y ait cette double entrée sensibilisation et mobilisation, donnent envie d’agir. Le fait que les enfants puissent constater d’eux-mêmes le déclin d’une espèce les rend moins passifs et pousse plus facilement à l’action.

L’enfance, c’est le moment où l’on apprend à appréhender son environnement et à construire sa relation au monde et à l’extérieur. Avoir dès le départ cette vision de ce qui existe autour de soi, lorsque l’on est en train de se construire avec les éléments qui nous entourent, c’est un moment décisif sur la manière dont on va par la suite appréhender son environnement, et qui influencera plus tard le fait de se sentir concerné, d’avoir envie d’agir en faveur de la protection de la nature.

 

©Alohaflaminggo, Shutterstock

Quelle est l’implication des CPIE dans les sciences participatives ?

Nous tentons sur les territoires d’identifier des enjeux en lien avec la biodiversité et de réunir les acteurs du territoire afin d’avoir cette dimension multi-acteurs et de développer de l’action commune pour la biodiversité. Pour ce faire, il faut réussir à mobiliser les différents types d’acteurs : grand public, collectivités, entreprises, milieu scolaire, centres de loisirs… La sensibilisation et la production de données scientifiques et donc de connaissances pour le territoire contribuent à la mise en action de ces acteurs.

L’Union nationale porte deux programmes nationaux de sciences participatives en biodiversité, animés dans les territoires par les CPIE. Le premier, « Carré pour la Biodiversité », invite toute personne ou toute organisation (collectivité, entreprise, école, collectif de citoyen·nes…) à préserver un espace de nature, sans intervenir dans son entretien, afin de prendre part à l’observation de la biodiversité qui s’y développe ou y transite.

Le second, « Un Dragon ! Dans mon jardin ? » permet de participer à l’amélioration des connaissances nécessaires à la conservation des amphibiens et des reptiles -animaux particulièrement menacés- en vue de déployer des actions de conservation.

Cette mise en action peut être conjointe à d’autres projets : l’idée est de lier les sciences participatives avec d’autres initiatives qui peuvent se développer sur les territoires, comme les Atlas de la biodiversité communale mis en œuvre par les collectivités, ou d’autres actions mises en œuvre par les associations.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de cette pratique ?

Sur les dix dernières années, les sciences participatives sont montées en puissance ; on le voit au nombre de citoyens impliqués, dans nos réseaux associatifs et chez nos partenaires. Dans la nouvelle stratégie nationale biodiversité publiée fin 2023, les sciences participatives sont inscrites comme un levier fort à la fois pour mobiliser les citoyens dans l’action mais aussi pour développer la connaissance de la biodiversité et guider la prise de décision. Preuve que cette pratique est reconnue et vouée à s’ancrer dans les projets en faveur de la nature.

Enfin, la mise en place d’un programme de sciences participatives est désormais obligatoire lorsqu’une collectivité souhaite lancer un Atlas de la biodiversité communale. Cela dénote une injonction à travailler en commun entre les associations, les structures scientifiques, les animateurs de programme et les collectivités, ces dernières ayant une responsabilité certaine dans la sensibilisation à la nature et à la mobilisation.

Pour aller plus loin

L’Union nationale des CPIE anime OPEN, le portail national des sciences participatives en biodiversité développé par le Muséum national d’Histoire naturelle. Il permet à n’importe qui de se lancer dans l’observation de la nature et de contribuer à sa connaissance et sa protection, en identifiant le programme de sciences participatives qui lui correspond grâce à un moteur de recherche qui propose plusieurs critères : localisation, espèces à observer, thématique… On y trouve aussi une présentation synthétique des sciences participatives, et des actualités.